J'y arrive enfin! [libre]

Je détestai cet endroit. C'était la seule chose à laquelle j'étais capable de penser depuis que j'avais rencontré cette fille dans la cour, ce matin. Je n'étais là que depuis une journée, ou plutôt une matinée, et j'étais déjà à bout de nerfs.
D'abord, pourquoi est-ce que les gens ici se levaient si tôt ? C'est vrai, c'était à peine l'aurore que cette fille était venue à ma rencontre... D'accord, c'est aimable. Et d'accord, mon hypocrisie aime à s'amuser de cette manière... Mais je vous en prie, soyez au moins assez sympathique pour me laisser me plaindre dans mon coin.
Sauf qu'apparemment, ici, ce n'est pas possible. Dès qu'on veut être seul, on se retrouve en compagnie d'une personne qu'en général, on n'a même pas envie de voir. Tss...
Je marchai sans but précis. De toute façon, si j'avais désiré ne serait-ce qu'une seconde me rendre à un endroit précis, ce ne serait jamais arrivé, pour la simple et bonne raison que... ce lieu n'est rien d'autre qu'un labyrinthe ennuyeux à souhait.
C'est sans idée de l'endroit où j'allais arrivé que je terminai devant l'entrée. "Entrée", hein ? Et ça ne pouvait pas non plus être la sortie ? Laissez-moi partir...
Lasse, j'observai les alentours, cherchant à me souvenir du visage des gens qui étaient venus me chercher. Il faisait nuit, et j'étais tellement énervée que... La seule chose dont je me souvenais est qu'ils avaient tout bonnement refusé de détruire cette coiffe de malheur, soi-disante empreinte de ma "magie". Encore quelque chose de blasant.
Ce que je pouvais m'ennuyer ici !
Après plusieurs minutes de promenade, je finis par apercevoir un corbeau dans le ciel. Vilaine bête, ces horribles animaux qui accompagnent toujours les sorcières et qui sont les signes de la mort ! Je les déteste. Tout comme cet endroit... Enfin, il descendit et se posa sur un banc, avant de... Quoi ?!
J'écarquillai les yeux sous la surprise. Ce genre de chose ne pouvait pas exister ! Non...
Je secouai alors la tête et replaçai mon masque de glace. Comme si ce pauvre garçon allait pouvoir m'impressionner. De toute façon, c'est le genre de choses auquel je vais avoir besoin de m'habituer en vivant ici.
Je ne veux pas vivre ici...
Je soupirai, et partis m'asseoir sur un banc à l'ombre. Le soleil commençait déjà à taper...
Je n'avais jamais songé une seule seconde à aller voir ce garçon, de toute façon. Il avait l'air assez bienheureux tout seul !
En plus... Je n'étais ici que depuis une dizaine d'heures et j'en avais déjà marre. Ma vie risquait d'être bien longue...!
Au bout d'un petit moment, une petite idée me vint à l'esprit, et je ne pus m'empêcher de sourire. Oui... Pourquoi ne pas l'observer à distance, cette espèce de créature étrange qui se transforme ?
Sur mon visage indifférent, un mince sourire perça : j'avais enfin trouvé une occupation, bien que très peu distrayante par rapport à ce dont j'avais l'habitude autrefois, chez moi.

Je fus réellement étonnée de le voir sortir d'abord un katana, puis deux révolvers et enfin un poignard. Cet homme était une vraie armoire à armes ! Un danger ambulant. Il me fit, l'espace d'un instant, penser à tout ces meurtriers à la gueule d'ange qu'on voyait dans les films.
Au bout d'un moment, il parut satisfait de sa barbarie, et, après m'avoir remarqué, commença à avancer dans ma direction. Il me surprit de nouveau lorsque je crus remarquer une légère gêne ou un je ne sais quoi dans son regard chocolat. Il me salua, je n'ouvris pas la bouche, trop occupé à regarder à qui j'avais affaire. Il avait, visiblement, mon âge, bien que je lui trouvât en réalité quelque chose de plus vieux. Ses cheveux noirs lui retombaient sur le front et descendaient jusqu'à sa nuque, et seuls ses yeux marrons ressortaient de son visage au teint qui me sembla bien pâle sur le coup.
Je finis par lui rendre son sourire... Quel hypocrisie !

-Bonjour, lui répondis-je enfin.

J'attendis un instant, m'imaginant certainement qu'il allait poursuivre, quand une nouvelle idée me vint à l'esprit. Un petit rire intérieur s'éleva au fond de moi : j'allais enfin m'amuser un peu dans cet endroit affreux.

-Comment t'appelles-tu ? demandai-je en feignant l'amabilité.

Je lui souris avec... douceur. Le jeu d'actrice était lancé ! Je pense... Enfin, je verrais en fonction de sa réaction... Mais je doutais l'avoir perdu, mon petit don ! C'est que jouer la comédie, c'était tellement amusant ! Ca devait être une de ses choses qui arrivait encore à me divertir...
Mais revenons à la situation présente. Là, j'allais jouer le rôle de la douce jeune fille, nouvelle et qui a besoin d'aide ! Ca promettait d'être intéressant...

-Je t'en prie, assieds-toi, dis-je calmement en tapotant la place à côté de moi.

L'actrice était dans la place... Je lui souris, presqu'amicalement, lorsqu'il me donna son prénom et me renvoya la question. C'est que derrière ses airs de guerriers acharnés, il était poli... Ce qui était assez étonnant, d'ailleurs. Il adorait les armes, mais semblait aussi doux qu'un agneaux. Tout de même, c'était assez contradictoire, il fallait dire les choses comme elles étaient.
J'inspirai un petit coup, sûrement pour ne pas succomber sous le poids de toute cette gentillesse, et dis d'une voix douce :

-Diao... Diao Chan. Enchantée.

Je lui offris alors un de mes plus beaux sourires, un de ceux que je réservais habituellement à... Il fallait que j'arrête de penser à elle. Je devais oublier Zhen Ji ! De toute façon, avais-je d'autres choix ? J'étais condamnée à vivre toute ma vie ici, entourée de tous ces gens étranges ! Il fallait que j'oublie mon amie, que je passe à autre chose... Sinon... Tss. L'oublier ? Jamais. Il en était hors de question.
J'avais bien trop besoin d'elle, de sa petite voix qui résonnait encore parfois dans ma tête, pour m'arrêter et m'empêcher de faire des idioties. Pour me retenir et me faire comprendre ce que je devais comprendre. Elle savait, elle, me parlait pour que je l'écoute. Elle savait...

-Alors, tu t'entraînais, à ce que j'ai pu voir ? demandai-je calmement, le visage serein.

J'avais tellement pris l'habitude de cacher mes émotions... Même si elle les voyait, je ne savais que trop que les autres marchaient à chaque fois.

Je l'observai, laissant un sourire doux étirer mes lèvres. J'admets que ce qu'il me racontait n'était pas non plus très intéressant, mais ça me permettait, de cette manière, de découvrir peu à peu les secrets de cet endroit pourri. Après tout, je savais maintenant que des gens avaient le pouvoir... De se transformer. Et que d'autres étaient assez fous pour utiliser des tonnes d'armes, malgré leur gueule d'ange.
Oui, les habitants de cet endroit encore sans nom pour moi étaient bien étranges...
Il me demanda si j'étais là depuis longtemps, et étonnamment, la réponse me vint naturellement. Seul mon ton et mon amabilité m'apportèrent un peu plus de difficulté, mais j'étais tellement habituée à tromper et mentir que ce ne fut au final qu'une petite étape bien peu importante.

-Depuis bien assez de temps pour détester cet endroit, dis-je paisiblement en levant le nez vers les nuages.

Que faisaient Papa et Maman en ce moment ? Mon petit frère regardait-il les nuages, lui aussi ? Ou bien étudiait-il comme il le faisait si souvent ? Ils devaient être tellement soulagés de ne plus m'avoir sur le dos. Plus de caprices, plus de crises.
C'était les gens d'ici qui allaient subir. Mais enfin, pour l'instant, je devais me concentrer sur cet homme.
Je tournai la tête vers lui, souriant avec une douceur que je ne me reconnaissais pas. Le soleil m'éblouit alors... Le temps passait. La lumière se reflétant sans aucune gêne dans mes yeux azurs, je posai ma main sur mon front en guise de visière pour être capable de voir cet... Akira.

-Et toi, ça doit faire quelques semaines, une chose comme ça, je me trompe ? demandai-je calmement.

Après tout, s'il avait déjà ces... "pouvoirs" ou je ne sais quoi, ça me semblait fort probable... Non ? A moins qu'il nous eût fallu plusieurs mois pour les récupérer. D'ailleurs, je n'avais pas exactement compris, ce rapport qu'il y avait avec ma coiffe... Mais enfin. Là n'était pas la question. Et je refusais de m'abaisser à ce rang d'ignorante pour en apprendre d'avantage. Les réponses viendraient à moi toutes seules, petit à petit, sans qu'à aucun moment que je questionne les autres.

Qu'avais-je dit ? Que les réponses allaient venir à moi, sans qu'aucune question ne soit nécessaire ? Il fallait croire que le destin en avait après moi. Car le hasard n'existait pas, n'est-ce pas ? Admirez comme je devais déjà commencer à comprendre le fonctionnement de cet endroit ignoble. Je reportai à nouveau mon attention sur le ciel ensoleillé, me laissant pleinement éblouir par cette lumière gênante.

-Mon pouvoir... murmurai-je.

Je m'étais reprise au dernier moment... Un peu plus, et on percevait la froideur de ma voix. Quoi qu'elle était déjà perceptible, en réalité... Mais il n'y avait eu que deux mots. Alors tout était possible. Tout l'était, n'est-ce pas ? Oui, certainement. Avec seulement deux mots, il ne pouvait pas me juger. Je n'avais qu'à me rattraper sur la phrase suivante...

-Je ne sais pas, admis-je.

Je reportai mon attention vers lui, et, en fille modèle, souris gentiment.

-Je suis arrivée cette nuit.

Mon regard se fit vide un instant. Cette nuit... Tout s'était passé si vite. Je finis par revenir à la réalité, lui adressant un nouveau sourire. Comment avait-il fait, lui, pour tenir un mois ? C'était la question qui résonnait dans ma tête, et j'étais totalement incapable de m'en débarrasser. Si ça continuait, rien que cet écho permanent allait me rendre folle...! Je soupirai doucement, posant mon regard sur le banc où il s'était trouvé plus tôt.

Je ne pus m'empêcher de sourire en entendant sa question. C'est que c'était tellement prévisible ! Il n'était visiblement pas capable d'être original... Mais enfin, je n'avais pas à juger.
Une question me vint alors à l'esprit. "Pourquoi n'avais-je pas le droit de juger ?" J'avais passé mon temps, avant d'arriver ici, à juger les gens, physiquement comme mentalement, quand ils me laissaient le loisir de les connaître un peu plus. Tous ces gens que j'avais appris à fréquenter chaque jours étaient tellement... Hypocrites. Ca devenait alors tellement logique pour moi de l'être si naturellement à mon tour...
Je secouai doucement la tête et portai calmement mon regard sur lui.

-Parce qu'en venant ici, je perds et laisse derrière moi tout ce que j'ai pu avoir jusque là. C'est aussi simple que ça.

Je perdais ma seule et unique amie, mes parents qui finissaient généralement par céder à mes caprices, et mon petit frère... Qui, en réalité, était d'une assez agréable compagnie, lorsqu'il ne me reprochait rien.
Je perdais ma vie que j'aimais tant pour en débuter une autre, qui était si incertaine que j'étais incapable de déterminer si oui ou non elle finirait par me plaire... Même si je penchais plus pour le "non".
Je finis par observer un passant qui parcourait la cour. Je soupirai.

-Ne va pas me dire que toi, tu n'as rien abandonné pour venir ici. D'ailleurs, ce que je ne comprends pas, moi, c'est pourquoi tu as dit aimer cet endroit...

Mon regard n'exprima soudainement plus rien, et seule sa dernière question continuait à résonner en moi, totalement indifférente aux supplications émanant de mon esprit.
Pourquoi...? Pourquoi avais-je accepté de venir...?
Le souvenir que j'avais, moi, de cette ancêtre qui, après s'être révélée être une sorcière, avait entraîné la chute de l'empire Chinois autrefois gouverné par ma famille, n'avait rien de réjouissant... Bien au contraire, le souvenir que j'en avais ne m'aspirais que de la rage et de la colère. Et ce pouvoir... Cette malédiction... Il avait fallu que ça m'atteigne. Que ça me touche, moi. Je n'avais jamais rien fait autre que détester cette femme, et il avait fallu qu'elle me passe le relai, à moi, la fille la plus froide de notre famille, certainement.
Alors pourquoi avais-je accepté...?

-Parce que...

...je ne voulais pas avoir à supporter le regard haineux de mes parents.

-...ça ne te regarde pas, terminai-je d'une voix froide.

Mon regard divagua encore quelques instants dans le vague avant que je ne reprenne mes esprits. Mes yeux se posèrent sur lui et j'échangeai mon air glacial pour une mine légèrement plus désolée.

-Pardon... Je ne voulais pas être impolie.

Sa réaction me surprit. Au lieu d'être énervé ou blessé, il était... Désolé. Depuis quand les gens s'abaissaient à ce niveau lorsqu'on leur répondait comme ça ? Je n'avais... Jamais vu ça. Sûrement dû au fait de ma famille et des relations que j'avais eu dans le milieu où je vivais. Mais ce genre de réaction m'échappait totalement... Je ne comprenais pas du tout pourquoi il avait réagit ainsi.
Je finis par reprendre un visage plus serein, abandonnant cette image de surprise sur mon visage. Je l'observai encore un instant avant de me placer correctement sur le banc, fermant les yeux pour sentir la légère brise matinale qui soufflait ce matin-là. Je me sentis alors sourire, et même rire.
Mon rire m'échappa totalement, et je ris un bon moment avant de revenir à moi-même, regardant cependant Akira avec un air décidément très amusé. je me surprenais...

-Pourquoi tu t'excuses ? demandai-je alors.

Je le regardais, de plus en plus étonné. Il était vraiment... Trop gentil. Mais... Trop, quoi. Mon sourire ne voulait pas me quitter, tant ce qu'il disait m'amusait, bien que me perturbait aussi. Je finis par étouffer un nouveau rire. J'avais totalement oublié mes habitudes froides et glaciales, mon air impassible et impénétrable, et seul mon rire résonnait dans la cour encore assez vide. Il me faisait rire, lui, ce garçon fan d'armes en tout genre et pourtant si gentil. Trop gentil...
Je finis par me calmer, m'essuyant des larmes aux coins des yeux, et je lui répondis, la voix rieuse :

-Je confirme, tu es vraiment de plus en plus idiot !

Je plantai mon regard dans le sien, cherchant vainement à comprendre son caractère. Il était tellement différent de moi... J'étais méchante, cassante, blessante... Je n'avais jamais peur de dire ce que je pensais aux autres, et poser des questions gênantes m'importaient peu tant que j'arrivais à mes fins... Mais lui... Il était tellement adorable et il pensait tant aux autres. Un sourire terriblement amusé toujours accroché sur les lèvres, j'ajoutai :

-Je ne pensais pas que des gens capable d'autant de bonté existait... Tu m'impressionnes vraiment... Tu es toujours tellement bon avec les autres ? Tu te plies toujours en quatre pour eux ? J'ai presque l'impression que tu serais capable de tout pour tes amis... Je me trompe ? Je suis sûre que non.

J'avais vraiment beaucoup parlé, sur le coup. Beaucoup parlé, beaucoup ri, et souri aussi... Il avait le don de me faire... Communiquer. Ce qui était bien, mais aussi terriblement mal d'un autre côté... Mais j'y réfléchirais plus tard. Sur le coup, sa compagnie m'amusait et c'était ce qui comptait le plus.

Au début, je souris sous sa gêne. Le changement de couleur de ses yeux me surprit, et puis, il parla...
Je détournai le regard avec une rapidité que j'espérais contrôlée, faisant mine de m'intéresser au peu de personnes présentes dans la cour. En bref... Je pense que s'il voyait mon vrai visage, il me détesterait. Et c'était certainement ce qui allait arriver à notre prochaine rencontre.
Je baissai les yeux, comprenant que cette conversation serait certainement la seule que j'aurais avec lui, du moins, jusqu'à cet air amusé reste sur mon visage. Quoi que j'étais désormais plus sérieuse, ayant retrouvé mon visage aux sentiments inexistants. Je souris avec ma sérénité monotone, tournant doucement la tête vers lui.

-Je ne suis pas quelqu'un de gentil, détrompe-toi.

Je continuai à sourire, seul moyen que j'avais trouvé pour ne pas être froide. Car j'avais, sans le vouloir, perdu toute envie de rire...
Parce qu'il était trop différent, qu'il détestait les gens comme moi... Et que c'était comme ça.

-C'est pour ça que tu m'impressionnes, terminai-je.

Je ne voyais plus rien à dire... Alors je préférais garder le silence. Le silence est parfois quelque chose d'agréable... Pour moi, il l'a en réalité toujours été. Et je ne saurais dire quand il pourrait ne pas l'être. Jamais, certainement.

Je fus soudainement prise d'un frisson qui me parcourut l'échine. Ce n'était pas le froid... C'était son malaise que je ressentais jusqu'ici. Je tournai la tête vers lui, surprise de le voir comme ça, tête baissée, fixant le sol. Je ne pensais pas qu'un jour quelqu'un eût pu se mettre dans cet état-là pour moi... C'était bien trop... Etrange. C'était comme si on éprouvait de l'affection pour moi, ce que je ne comprenais pas. La seule à m'en avoir un jour apporté était désormais trop loin moi, et je n'avais pas envisager la possibilité de me faire de nouveaux amis ici.
En réalité, j'avais simplement imaginé qu'en arrivant ici, on m'aurait parlé de ce qui m'était arrivé, de cette lumière éblouissante qui avait jailli hors de moi pour se nicher dans ma coiffe... Je pensais qu'on m'aurait expliqué, voire tout balancer comme ça, que j'aurais appris à me servir de ce soi-disant pouvoir, et basta.
Sur le coup, je n'avais même pas penser au fait qu'il y aurait des gens dans le même cas que moi.
Forcément, j'avais été égoïste et terriblement égocentrique, comme d'habitude.
Et pourtant, il y avait à côté de moi un homme qui avait un minimum chercher à me comprendre, m'avait dit que j'étais gentille et... Et surtout, qui avait eu l'air d'éprouver une certaine amitié à mon égard.
Et tout cela, additionné, me surprenait... Car je ne croyais pas cela possible. Je n'avais jamais cru ça possible...
Je finis par secouer la tête, chassant ces idées de ma tête. L'heure n'était pas à la réflexion ! Ré-enfilant mon masque de sérénité, je lui souris calmement. Si c'était notre dernière entrevue avant qu'il ne me déteste... Je préférais qu'il en garde un bon souvenir.

-Dis-moi, Akira... Tu as quel âge ?

En réalité, je n'en avais pas la moindre idée... Il avait l'air d'avoir le même que moi, à quelque chose près, mais étrangement, je lui trouvais des airs assez enfantins, ce qui m'étonnait. Si j'avais eu à le décrire, je n'aurais pas dit qu'il était beau, j'aurais plus dit qu'il était mignon... C'était plus dans ce genre-là que je le voyais.
Je continuai à sourire.

-C'est juste de la simple curiosité, hein !

Je souris doucement, replaçant une mèche derrière mon oreille avant de placer correctement mon dos contre le dossier du banc, observant mes mains posées de chaque côté de mes jambes croisées.
Il avait 20 ans... Je n'en revenais pas. Il faisait vraiment plus jeune, c'était impressionnant ! M'enfin, à mon avis, si je le lui avais dit, il l'aurait mal pris. Les garçons, en général, adorent faire plus vieux que leur âge... Jusqu'à ce qu'ils se fassent vieux, dans quel cas ils aimaient qu'on les rajeunisse. Ce qui arrivait fort peu souvent, dommage pour eux. Après tout, comment mentir à une personne toute ridée ? C'est vraiment difficile !
Je finis par lui répondre, me rendant compte que perdue dans mes pensées, j'avais totalement oublié qu'il m'avait renvoyé la question.

-J'ai 17 ans.