Où mènent ces couloirs sans queue ni tête...? (libre)

En manque de distraction, j'avais décidé de m'aventurer à l'exploration de ce lieu si semblable à un labyrinthe. Je parcourais donc à présent les couloirs... Les couloirs de je ne sais quel endroit en réalité. La seule chose que je savais, c'était qu'il s'agissait là d'un couloir.
Je m'arrêtai alors et posai une main sur le mur, observant ma peau blanche avec un petit sourire. J'écartai mes doigts, affichant une main identique à celle d'une gamine prête à créer l'empreinte de sa main sur de la pâte à sel.
Je soupirai, presque honteuse de passer quelques instants à contempler ma main sans raison valable.
Sauf qu'en réalité, je cherchai à comprendre... Je cherchai à comprendre ce qui m'avait "permis" de venir ici. Quel avait été mon billet d'entrée pour le... Valhalla...? Mon frère avait répété tous mes mouvements... Mais comment avais-je fait ça ? Je ne comprenais pas... Et puis... Pourquoi cette lumière sortant de mon propre corps s'était-elle dirigée vers cette coiffe ? Pourquoi n'avais-je pas eu le droit de la détruire ? J'étais si perdue assaillie par toutes ces questions.
Et pourtant, je refusais de les poser à quelqu'un. Je refusai d'aller chercher les réponses par moi-même et de me rabaisser à ce rang d'ignorante. J'avais certainement trop de fierté pour ça...
Au bout d'un énième lourd et long soupir, je finis par décoller ma main de ce mur pour reprendre ma route, marchant au hasard en espérant pour retrouver dans un endroit que j'avais déjà visité...
Ce qui était fort peu probable, étant donné que je n'avais strictement rien visité.

HRP : D'accord, merci pour la précision !

Je sursautai en entendant cette voix derrière moi. Je me tournai vers l'opportuniste, qui était visiblement une... Archère ?
Je la regardai un instant, puis me décidai à répondre, forçant sur ma voix afin de la rendre plus douce. C'est fou le nombre d'effort que je faisais, en réalité, dans cet endroit... M'enfin, il fallait bien que je me trouve des... "Amis". Quoi que non... Ce n'était pas indispensable. Mais tant qu'à faire, autant être bien vue.

-Bonjour...

Je laissai paresseusement traîner ma voix, observant son visage fin et son... Dragon planté à côté d'elle. Mal à l'aise en sentant le regard de ce dernier sur moi, je reportai mon attention sur cette fille. Je me demande comment les gens faisaient pour venir parler comme ça aux étrangers qu'ils croisaient... Que pouvaient-ils trouver comme sujet de conversation ? C'était quelque chose qui me dépassait entièrement.
Mon regard s'attarda un instant sur ses cheveux noirs d'une longueur inégalée, certainement. Ses yeux étaient d'un vert éclatant... Elle devait sûrement avoir le physique d'une personne amicale.
Mes yeux dérivèrent une nouvelle fois sur son animal de compagnie. Pourquoi, tous, ici, avaient ce genre de bête avec eux ? C'en était presque effrayant...
Après un petit silence de ma part, je finis par pointer son arc du doigt.

-Tu vas aller t'entraîner à l'arc...?

Je jetai un coup d'oeil en direction du Dragon. Il me donnait froid dans le dos, l'air de rien... Il avait l'air si agressif. Je finis par ignorer un frisson qui me parcourait, et je reconcentrai mon attention sur cette archère. Elle me demanda si je m'étais perdue... J'haussai les épaules. Oui, non... Comment savoir, quand on connait pas l'endroit ? ... En réalité, il me semble que ce genre de réflexion ridicule signifie effectivement qu'une personne est perdue... Je finis par hocher la tête, déclarant alors, retenant un soupir :

-Il semblerait, oui...

Et puis, la question logique qui devait normalement suivre après cette réponse s'imposa à moi, et elle faillit franchir le bout de mes lèvres. J'avais si peu envie de m'abaisser à ce niveau... Je détournai alors le regard, et finis par demander, honteuse d'être ainsi ignorante :

-C'est quoi, ce bâtiment, en fait...? Parce qu'à part un couloir, je ne vois pas grand chose...

-Les... Quoi ?

Cette phrase était sortie toute seule de ma bouche. J'avais déjà eu du mal à m'abaisser au point d'avouer que j'étais perdue... Je montrais maintenant que j'étais entièrement ignorante au monde dans lequel je vivais désormais.
D'accord, je ne savais pas ce qu'était ces Heren je sais pas quoi... Mais... Je n'étais pas obligée de le crier sur tous les toits...
Occupée à penser à mon erreur, je réagis bien tard en me rappelant qu'elle avait dit... Non, qu'elle avait répliqué à quelque chose que j'avais... Pensé.
Je sentis de nouveau ma voix franchir le bout de mes lèvres :

-Comment as-tu su que je pensais à ça ?! Tu... Tu lis en moi ?!

Elle n'avait pas le droit... Non, non, c'était du viol ! C'était interdit, elle ne pouvait pas... Que... Je ne pouvais même plus penser librement ?!
Instinctivement, je reculai de plusieurs pas, m'imaginant certainement que la distance allait réduire les effets de sa... Quel était le nom qu'on donnait à ce genre de chose déjà ? Télépathie, voilà. Je devais visiblement croire qu'en m'éloignant, j'allais atténuer les effets de son pouvoir.
Je m'apprêtai d'ailleurs déjà même à m'en aller. Comment osait-elle fouiné dans mon esprit ?! Je me sentais souillée et vidée...

Alors c'était ma faute ?! C'était ma faute à MOI si elle lisait mes pensées comme ça ?! Je reculai de nouveau de plusieurs pas, arrivant bientôt contre un mur. Je plaquai mes mains contre et défigurai cette fille avec presque de la frayeur dans le regard. Ma voix sortit brusquement de ma bouche, sèche et froide.

-Ah oui ?! Alors si je disais tout, si je ne gardais rien pour moi, tu ne lirais pas mes pensées ?! Mais dans ce cas, ça reviendrait au même ! En général, ce que je ne veux pas dire, je le garde pour moi, comme ça personne n'est au courant. Mais non, il faut que là ça ne marche pas, que je sois contrainte à tout dire pour ne pas qu'on lise en moi... Sauf que sous cette condition, lire en moi et le fait que je dise tout ne change rien, si ce n'est la façon d'apprendre les choses !

Je secouai violemment la tête, hors de moi d'être ainsi violée, vidée de tout secret. Qu'est-ce qu'elle voulait en plus ? Que je pense à mon passé pour qu'elle puisse tout savoir de moi ?! Que je regrette un peu plus Zhen Ji qu'auparavant, que je me mette dans un état pitoyable pour qu'elle sache toute ma vie ?! Je refusais, je refusais catégoriquement ! Elle n'avait pas le droit, non, pas le droit...
En réalité, ses paroles sur la solution au problème m'étaient carrément passées au dessus de la tête. Pour que ça s'arrête, je devais me calmer... Or, je faisais tout le contraire. Mais c'était dans ma nature... J'étais colérique et capricieuse, et la mettre à bout pour qu'elle arrête était une forme de caprice apporté par la colère... C'était en réalité tout moi.
Sauf que ça n'allait jamais arrivé. J'en étais consciente, au fond de moi. Elle n'allait pas arrêté, tout simplement parce que c'était à cause de moi qu'elle pouvait si facilement lire mes pensées. A cause de moi, de mon caractère, de mes emportements idiots... C'était de ma faute.

Je serrais les dents. Tss... Comme si j'aurais pu deviner qu'elle était une Istarion ou je ne sais trop quoi ! Son ton tranchant m'énerva au plus haut point. Sauf que malheureusement pour moi, que pouvais-je faire face à elle ? Elle avait nettement plus de pouvoir que moi... D'ailleurs, je n'en avais pas. Et elle devait certainement être très puissante, étant donné qu'elle faisait partie de ces "Heren Istarion". Ses paroles cassantes me mirent hors de moi, et j'avais déjà mon opinion sur elle bien en place. Je la détestais... C'était aussi simple.
Qu'elle me pardonne ou non, je détestais qu'on lise en moi si ouvertement, et ses mots à ce sujet me passèrent au dessus de la tête. Je m'en fichais éperdument, seul ce que je comparais à un crime m'importait.
Pour moi, j'avais réagi normalement... Après tout, qui ne réagirait pas comme ça en apprenant qu'une personne qu'on ne connaissait pas lisait en soi ? A part les gens trop gentils, tout le monde aurait réagi comme moi...
Je poussai un juron avant de partir, sans direction prévue. Je ne savais même pas où j'allais... Mais il était hors de question que je reste avec cette "Istarion".
Absolument hors de question.