C'est trop nouveau. (libre)

A force de visiter cet endroit que je ne connaissais pas encore, j'arrivai dans ce qui semblait être des plaines. Retrouverais-je ensuite mon chemin ? Cette question restait sans réponse, et pourtant, l'épisode de la forêt aurait dû me faire retenir la leçon.
Observant l'étendue d'herbe d'un oeil rêveur, je m'imaginais ici, avec Zhen Ji et... Mon frère. Un soupir s'échappa de mes lèvres et je décroisai mes bras auparavant posé sur ma poitrine pour m'avancer dans un coin où l'herbe était haute. Je m'assis alors, croisai mes jambes en tailleur et laissai retomber mon mince corps sur mes bras tendus derrière moi. Je levai la tête vers le ciel et je regardai les nuages filer à une vitesse impressionnante dans le ciel.
J'avais récupéré le pouvoir qui m'avait donné mon billet d'entrée pour le Valhalla depuis deux jours et je ne l'avais toujours pas utilisé. Après tout, je ne savais même pas comment m'y exercer... Je poussai un soupir de lassitude, quand j'entendis brusquement un bruit de feuillage. Je tournai vivement la tête, les sens en alerte. Un animal ? Non, ce n'était pas possible... Quoi que, les gens ici avaient ce qu'ils appelaient des... Comment déjà ? Animae, voilà. Et si c'était... Ca ? Je n'arrivais même pas à voir clairement, la vue brouillée par toutes ces herbes hautes autour de moi. Mon rythme cardiaque commença à devenir irrégulier. J'étais misérable d'être si affolée pour... Si peu ? Tss. Je ne veux pas mourir. Pas encore...

Lorsque je vis l'animal me sauter dessus, je fermai instinctivement les yeux, et plaçai mes bras devant moi en guise de protection. C'est alors qu'une voix s'éleva à côté de moi... J'ouvris les yeux et laissai mes bras retomber au sol. Je sentis toutes mes forces m'abandonner. De qui s'agissait-il ? Bien évidemment de lui... Et en plus, je venais de me protéger inutilement, devant lui. Tss. Je détournai le regard. Il avait le truc pour engagé la conversation, finalement. Parce que de une... Ça voulait dire qu'il m'avait vu. De deux... Ça lui donnait une merveilleuse raison de se moquer jusqu'à la fin de mes jours. Je poussai un long soupir sans aucune retenu, ramenant mes genoux devant moi que j'entourai de mes bras, refusant toujours ne serait-ce que tourner la tête dans sa direction.

-Je ne pleure plus, non.

J'observai ces plaines qui s'étendaient à l'infini, ignorant la présence de Nashoba, jusqu'à ce que son souffle régulier vienne me faire revenir à la réalité. Je soupirai une nouvelle fois, toujours sans le regarder.

-Tu t'amusais, à ce que je vois.

Rien que le son de sa voix suffisait à m'énerver, à m'agacer, mais aussi à... A je ne sais pas. Sa dernière question me laissa interdite. Je tournai finalement la tête vers lui, avec toute la lenteur dont j'étais possible. Pouvait-on m'expliquer ce qui lui prenait ? C'était agaçant... Non, irritant au possible ! Ma conscience me criait pleinement de l'ignorer. En réalité, j'aurais aimé lui répondre en l'utilisant, ce pouvoir que je venais d'avoir. Mais j'avais bien trop peur de ne pas y parvenir... Je reportai mon regard sur les plaines, et laissai quelques anges passer avant de finalement répondre froidement :

-Ca te réjouissait tant que ça d'avoir un pouvoir alors que je n'en avais toujours pas ?

Son air surpris entraîna mon étonnement. En quoi était-il surpris que je réagisse comme ça ? Je n'avais toujours fait que ça avec lui. Alors pourquoi ? Aucune réponse ne s'imposa à moi, évidemment. Un léger silence s'installa jusqu'à ce qu'il le brise. C'était simplement... Pour se renseigner ? Alors pardonne-moi de l'avoir mal pris, écoute. De toute façon, ce pouvoir, je n'en veux pas. Je n'arrive même pas à m'en servir, je suis faible et je déteste ça ! Je ne crois même plus me souvenir du nom de ce soi-disant pouvoir... C'est en rapport avec les ombres, ça je le sais, mais... Après tout, toutes les choses ici ont des noms étranges ! Alors quelqu'un qui sait contrôler les ombres où je ne sais quoi peut bien s'appeler avec un étrange nom, comme un nom écrit en latin, par exemple. Pourquoi pas, d'ailleurs ?
Je laissai mon regard s'attarder sur les plaines, cet endroit sauvage et apaisant à la fois. J'expirai longuement, profitant des quelques courants d'air que nous offrait le vent avec tant de générosité. J'en oubliai presque Nashoba à côté de moi.
Je poussai un petit soupir, et m'apprêtai à répondre. De toute façon, je n'ai rien à perdre...

-Je contrôle les ombres.

Je tournai vivement la tête vers lui, surprise. Surprise pour deux choses, d'ailleurs. Première chose : qu'il veuille partir ; deuxième : que je ressente l'envie qu'il reste. Quelle idée... Tss. Je le défigurai encore un instant avant de brusquement détourner le regard, agacée.
J'avais envie de le retenir... Mais comment ? J'avais encore envie de parler. En fait, ici, j'avais appris à apprécier la conversation... Un peu, au moins. Et son geste, la dernière fois... Sa veste sur mes épaules... Ca m'avait tellement troublée. Rah ! Je secouai rapidement ma tête et déclarai, toujours sans le regarder :

-Je boude même pas ! Tu inventes des choses...

Je jetai un coup d'oeil dans sa direction, avant d'ajouter, la voix presque tremblotante tant j'avais honte :

-Tu... T'es amélioré dans la transformation, je me trompe...? Tu... Tu veux pas me... montrer ?

Je détournai vivement le regard en remarquant son air surpris. Que ce soit clair : il n'était pas le seul à être surpris. De nous deux, je devais être celle qui l'était le plus par mon comportement. J'observai sa transformation du coin de l'oeil. C'était la même que tout à l'heure ; celle qui m'avait surprise. Lorsqu'il se rassit à côté de moi, je tournai la tête vers lui, le fixant un instant, avant de trouver un intérêt hors du commun aux plaines qui s'étalaient à perte de vue devant moi.

-Au moins tu arrives à faire quelque chose.

J'écarquillai brusquement les yeux. Une phrase de trop, sortie de travers... Un aveu que j'aurais préféré éviter, surtout en sa présence. Mais quelle idiote ! Le pire, dans tout ça, c'est que c'était toujours pareil avec lui ! La seule chose que j'arrivais à faire, c'était montrer mes faiblesses. Jamais un sourire... Jamais, même si ce n'est qu'un masque. Et puis, j'ai tout de même réussi à sourire depuis que je suis arrivée ! Pas qu'une fois, et la plupart de ces sourires étaient sincères ! Et pourtant, avec lui... Je poussai un soupir. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir me répondre maintenant, hein ? Il allait se moquer ? Me charrier...?

Je poussai un petit soupir. Sa première réplique, bien que me reprochant mon peu d'optimisme, résonnait avec des intonations que je ne lui connaissais pas. En même temps, je ne le connaissais pas plus que ça... Si ? Je soupirai à nouveau, agacée par mes propres réflexions, avant d'adopter un visage surpris suite à sa dernière phrase. Un... encouragement ? Non, je devais certainement rêvé. Ou alors, il se moquait de moi. Oui, ça ne pouvait être que ça ! Je le quittai du regard, abandonnai mon air surpris, et allongeai lentement mes jambes devant moi, désormais tendues. Je retins un énième soupir et déclarai :

-Je suis certaine que tu te moques.

C'est dingue, tout de même. Peu importe ce qu'il fait, j'ai l'impression que ce n'est à chaque fois qu'une bonne raison de m'agacer ! Peut-être partais-je trop loin ? Sûrement... Après quelques pensées envolées, je lâchai finalement, un mince sourire venant étirer mes lèvres :

-Mais... Merci quand même.

Pour le coup, j'étais complètement désarçonner. Je ne savais plus que dire, ni que faire. Il m'avait eu, et m'avait même achevé... J'avais insinué que je voulais qu'il reste, avais montré à la lumière du jour une de mes faiblesses, et je l'avais... Remercié. Je me perdais de plus en plus dans mes pensées, incapable de réfléchir correctement. Ses paroles m'agaçaient en même temps qu'elles s'imposaient si justement à moi. Tout était vrai... Mais ça me révulsait tellement de faire partie de la généralité ! Être normale, c'était comme être sans personnalité. Les gens communs ne sont pas intéressants ! Et je devrais être comme eux ? Mon coeur se serrait au fur et à mesure que j'y pensais. Cependant, une pensée réfléchie se forgea rapidement en moi. J'étais bien loin d'être commune... J'étais bien trop froide et désagréable pour ça. Le problème était alors en quelque sorte réglé. Et puis... Je ne pouvais rien y faire, de toute façon. Peut-être aurais-je dû faire semblant de maîtriser mon pouvoir à la perfection ? Bah ! Ca n'aurait été qu'une action irréfléchie de plus. Car qu'aurais-je fait s'il m'avait demandé de le lui montrer ? Rien. Je n'aurais tout bonnement rien pu faire.
Je poussai alors un petit soupir, et tournai la tête vers lui.

-Pourquoi est-ce en loup que tu te transformes ? Pourquoi pas en... tortue ou je ne sais pas... en chat ?

Son rire me perturba un instant, et je le défigurai, silencieuse, écoutant ses paroles. Sa voix résonnait, cristalline, dans ma tête. J'étais... Etonnée. Lorsqu'il me parla vaguement des coutumes de son clan, je ne pus retenir un mince sourire, et je me décidai à tourner la tête, refusant de le regarder d'avantage, trop étourdie. Je passai une main à travers les herbes hautes, m'amusant un instant à les plier sous mes doigts, pensive. Nashoba signifiait Loup alors...? Je doute que Diao est un jour signifié quelque chose. Je poussai un petit sourire, souriant, contre toute attente, encore. Je déclarai d'une voix calme et douce :

-Je vois. J'aime bien... Les loups. C'est un animal téméraire et débrouillard. Et... Libre, surtout.

Sa réflexion me fit grimacer, bien qu'elle fut entièrement fondée et vraie. Je ne souriais jamais en sa présence... Etant certainement trop fière ou trop hautaine. En tout cas, je venais de sourire pour la première fois, ou peut-être la deuxième ou la troisième, ne s'agissant ici que de sourires qu'il n'avait jamais eu la "chance" d'apercevoir.
Je poussai un petit soupir, et écoutai ses dernières paroles. Pourquoi ne pouvait-il pas être assimilé à un loup s'il se transformait en cet animal ? C'était insensé...
Je tournai la tête vers lui, ayant au préalable vérifié qu'il ne me dévisageai plus. Par chance, il était allongé dans les herbes hautes, le regard fixé sur les nuages qui filaient dans le ciel. Je passai outre sa première remarque et déclarai alors :

-Et pourquoi ne pourrais-tu pas l'être ? Aux dernières nouvelles, c'est bien en loup que tu te transformes.

J'observai Nashoba avec surprise. Qu'est-ce qu'il racontait, encore ? J'avais beau chercher à comprendre, je n'arrivais à rien du tout. Ici, ce n'était pas sensé être un endroit où on pouvait tout faire ? Alors pourquoi n'était-il pas libre et indépendant ? D'autant plus que... Même moi, je l'étais, maintenant. Mes parents avaient beau être encore en vie... Je ne dépendais plus d'eux, ne vivais plus avec eux... J'étais libre, et même si c'était dur à admettre, je ne pouvais le nier. Alors pourquoi prétendait-il que pour lui, c'était différent ?
Je soufflai doucement et reportai mon regard sur l'herbe qui m'entourait, recommençant à la plier sous mes doigts au gré de mes envies. Je dis calmement :

-Si ce n'est pas trop te demander, pourquoi ne l'es-tu pas ? Je ne comprends pas du tout, à vrai dire...

C'est seulement à cet instant précis, avec ma réponse, avec les siennes qui avaient précédées... C'est à ce moment-là que je me rendis compte que nous avions une conversation... Normale.
Avec une étrange surprise, je me rendis compte que je ne cherchais pas à être froide ou à le renvoyer chier. Je lui demandais même de... M'en apprendre plus sur lui, en gros.
En fait, nous... faisions connaissance.
Perturbée par cette révélation intérieure, je l'oubliai un instant avant de secouer la tête pour me remettre les idées en place. J'arrachai quelques brins d'herbe et levai ma main, l'ouvris, et regardai les brins s'envoler en suivant la brise. Je souris faiblement, attendant sa réponse.

Sa première remarque me fit grimacer. J'avais vraiment été bête de lui demander pourquoi il avait dit ça... Je commençai à me renfermer sur moi-même lorsqu'il se lança dans l'explication. D'une certaine manière, ses paroles m'atteignirent directement, sûrement dû au fait que je me sentais véritablement concernée. Pas que j'étais la cible... Mais que ce qu'il déclarait s'adaptait étrangement à mon cas. Après tout, jusque là, je n'avais jamais réellement pensé à ça... Mais maintenant que je n'étais plus sous l'aile de mes parents, arriverais-je vraiment à vivre seule ? L'air de rien, ici, il y avait beaucoup de choses qui aidait à la vie en autonomie. Des exemples, j'en avais, même s'ils étaient idiots. En tout cas, nous n'avions ici aucune facture à régler, les repas étaient prêts et nous n'avions qu'à nous servir. Peut-être ne pensait-il pas forcément à ça en évoquant l'indépendance, mais... C'était ce à quoi, moi, je songeais.
Lorsqu'il tourna vers moi ce sourire triste, j'écarquillai les yeux, surprise. Je détournai le regard.

-Je pense que c'est toi qui couve quelque chose...

Et puis, quelque part dans ce qu'il avait dit, il y avait des choses qui ne me concernaient pas. Du moins... Moi, sans personne, je pouvais tout de même vivre. La solitude... Ca ne me dérangeait absolument pas. J'en étais persuadée... Peut-être me trompais-je ? Qui sait. Après tout, depuis que j'étais arrivée ici, des tonnes de choses se produisaient pour me contrarier et me faire changer d'avis sur un nombre incroyable de points de vue.
Je soupirai doucement. Quelle habitude c'était, maintenant, les soupirs...

-Ca va mieux... Disons que je comprends. Peut-être pas tout, mais une bonne partie. Je doute que ce soit impossible d'être seul, en revanche, être indépendant...

Je le sentis retomber dans l'herbe, sur le sol, et je ne tournai pas la tête vers lui. Je l'avais assez regardé pour aujourd'hui, quand même... Sauf que finalement, il ne me laissait pas le choix. Lorsqu'il acheva sa dernière phrase, je tournai vers lui une tête intriguée. Il sortait d'un... Sevrage ? J'écarquillai les yeux sous la surprise, et ma voix m'échappa alors :

-Et c'est... à moi que tu dis ça ?

Il avait pas des amis à qui en parler ? Des personnes proches ? Parce que je doutais être proche de lui ! Notre échange en lui-même m'étonnait... Mais là, c'était vraiment le sommet ! Je me demandai vraiment ce qui lui passer à la tête pour me dire tout ça ! La dernière fois, j'avais été si offusquée, moi, lorsque, faible, je lui dévoilai des trucs que j'aurais préféré ne jamais lui dire... Et lui, il disait ça... Volontairement ? Ca avait pourtant l'air d'être quelque chose d'important pour lui. A moins que je me trompe complètement. Je ne le lâchai pas du regard et déclarai finalement, d'une voix un peu incertaine :

-Mais... Sinon, je suis d'accord, ici, on a tout trop facilement. M'enfin, pour moi... Ca change pas grand chose.

Allait-il m'appeler fille à papa ? C'est marrant, mais ça me manquait presque dis donc... Je l'observai, cherchant à savoir à quoi il avait été avant dépendant. Ca m'étonnait vraiment, et le fait qu'il me le dise à moi... Je me répétais, mais enfin.