Ah oui ? Alors comme ça, même ici on peut s'enrichir ? (Privé)

Je parcourais les couloirs, de nouveau en quête d'une quelconque activité un minimum intéressante, quand j'aperçus une... Bibliothèque. D'abord surprise, je fus ensuite emportée par la curiosité et je m'approchai, guettant dans l'encadrement de la porte la salle. Elle semblait d'ailleurs bien remplie, et même carrément riche... J'observai un instant les gens qui passaient entre les rayons, les autres qui lisaient, puis me décidai enfin à entrer. Ma première destination fut le rayon Grand Classique. Quand je me rendis compte que je ne comprenais strictement rien à la langue, je revins sur mes pas et cherchai la rayon qui comportait les livres écrits en Chinois. Le choix était malheureusement très restreint. Je finis par en prendre un... En réalité, c'était le livre que j'avais à étudier avant de partir pour ici... Un sublime livre philosophique, rempli de choses et d'autres sans grande importance. Je m'attardai enfin sur le titre, ce que je n'avais pas pu faire avant de venir. "Oeuvres Choisies" de Mo Zi...
Lisant en me dirigeant vers une table, je me cognai à quelqu'un, et ma tête alla rencontre une étagère, faisant tomber mon livre au sol dans un bruit sourd. Je fermai les yeux sous le coup, et me redressai pour me frotter l'arrière du crâne, ouvrant doucement les yeux. Je n'avais même pas envie d'engager la conversation avec cet... Homme, visiblement.
Je poussai un long soupir chargé de sous-entendu, et me baissai alors pour ramasser mon livre, ne cherchant même pas à m'excuser. De toute façon, c'était moi qui avait souffert dans l'histoire !
Quoi que lui, je sais pas, j'avais fermé les yeux...
Je restai accroupie sur le sol quelques instants, pensant qu'il allait partir, et me relevai alors lentement, décidée à partir vers une table libre.

Son ton et sa réflexion m'atteignirent en plein coeur. Mon visage encore caché par mes cheveux, je ne pus m'empêcher de sourire. Mais pas un de ces gentils sourires auxquels j'étais étrangement abonné ces temps-ci... Non, à ces sourires que j'avais tant arboré avant de venir ici.
Je pris mon livre qu'il me tendait et me relevai sans un mot avant de planter mon regard dans les siens. Son regard bleu me perturba un instant, mais je ne flanchais pas et je restai stoïque, observant quelques instants sa personne. Métis et brun... Je secouai alors brusquement la tête, refusant de me laisser distraire par des détails futiles.
Je finis par le dépasser, serrant mon livre contre moi. En passant à côté de lui, je murmurai simplement, amusée :

-Désolée... Et Merci.

C'est ce qu'il voulait, non ?
Je ne le pensais pas une seconde. Mentir... J'adorais ça. Et ça faisait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé.
Je me dirigeai ensuite vers une table libre. Si je n'avais rien à faire, car ce livre me semblait bien peu passionnant, peut-être que je l'observerais. Ca ne pourra qu'être amusant ! Et fort distrayant, avouons-le.

Lorsqu'il posa son regard sur moi, je ne pus m'empêcher de sourire. Et surtout lorsque sa voix s'éleva dans la bibliothèque. Un problème...? Humm. Moi, nan, mais lui, oui, visiblement. Depuis quand on s'assoit par terre pour lire ? Je l'ignorai d'un haussement d'épaule et reportai mon attention sur mon livre. La philosophie de Mo Zi était bien sympa, mais un peu lassante tout de même... Traduction : Il était gentil, mais chiant.
Je tournai les pages assez rapidement, les lisant en diagonale, observant avec curiosité ce garçon qui continuait à lire, assis. Bien sûr, j'évitais de croiser son regard... C'était mieux, pour ne pas être vue...
Je finis par soupirer. Je m'ennuyais, finalement.

Je ne pus m'empêcher de sourire devant son air énervé. Je levai les yeux de mon livre et l'observai avec un air rieur. Je laissai lentement le temps s'écouler, attendant un bon moment avant de prendre la parole. Je préférais le regarder pour l'instant, car l'agacement le rendait terriblement amusant. Le retour de Diao Chan en place, j'allais à présent reprendre la même manie qu'avant ! Pas besoin de tact, être directe c'est nettement mieux... Interrogative, je répondis enfin :

-Je me demandais simplement qu'elles avaient été tes conditions de vie avant d'arriver ici... Parce que lire par terre, c'est tout de même un peu... Sauvage. Aurais-tu vécu dans un Bidonville ?

Après tout, on ne savait pas... C'est vrai qu'il faisait un peu Indien... Ou Mexicain, je ne sais pas. Et en général, ce genre de personne ne vit pas dans d'excellentes conditions... Ah, et tiens, d'ailleurs ! Il savait lire ? Vraiment...? Et ben. Je suis impressionnée.
J'étais vraiment cassante, pour le coup. Il n'avait pas tellement de chance, mais enfin ! Ca faisait vraiment longtemps que je n'avais pas été comme ça, et il m'avait vraiment tendu une perche en me parlant mal dès ses premières paroles. D'accord, je l'avais ignoré... Mais c'était dans ma nature.

Fille à Papa restreinte à pas mal d'exigence... Mais enfin, lui montrer l'impact de sa réplique sur moi lui aurait fait beaucoup trop plaisir, et il en était hors de question. Après tout, il ne me prenait que pour une riche, fille de bourge et quémandeuse qui obtenait toujours ce qu'elle voulait.
J'admettais que j'étais une dépensière hors norme, que j'étais capricieuse et même colérique. Mais je n'étais pas libre. Là faisait toute la différence en la véritable fille à papa et la pauvre bourge vivant sous les exigences de ses parents.
Je souris cependant, ne perdant cet air amusé qu'une demie-seconde à peine, demie-seconde d'inattention.

-C'est ça, oui, petite fille à Papa.

Je revins alors sur sa première réplique. Profiter de la vie... Non, je ne connaissais pas. Je ne savais pas le faire. Je ne savais que dépenser, dépenser, comblant mes simples désirs de la minute, chose qui ne m'apportait qu'un bonheur monotone. En revanche, je ne savais effectivement pas profiter de la vie.
Mais, une nouvelle fois, je n'allais pas lui faire plaisir en lui avouant mes points faibles.

-Et oui, je sais profiter de la vie ! En même temps, en tant que fille à Papa, c'est normal, non ?

Je le regardai faire volte face et s'éloigner, assez étonnée. Et ben... Au moins, il savait gérer les idiotes de mon genre ! Mais enfin, que pouvais-je faire d'autre ? Il partait, et ce n'était certainement pas mon genre d'aller lui courir après. Je l'observai récupérer ses livres avec un petit sourire.
Au moins, je savais que tous les gens d'ici ne chercheraient pas à me comprendre, à être gentil et à tout faire pour moi. Même si là je l'avais légèrement chercher... Je suis sûre que d'autres auraient essayé d'être agréable. Après tout, j'avais déjà rencontré l'impossible.
C'est alors que je me rendis compte que je commençai... A aimer cet endroit.
Ma nostalgie s'était envolée, il n'y avait plus que Zhen Ji au fond de moi. Il y avait ces autres personnes qui avaient été étrangement sympa avec moi... Et puis maintenant, il y avait cette nouvelle rencontre qui allait me permettre de revivre avec mes jeux d'actrices comme avant.
Je continuai à le regarder, amusée par ses faits et gestes, me concentrant de temps à autre sur mon ouvrage. La Philosophie... Ca a beau être intéressant, c'est lassant.