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J'aime paaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaas la Russie =_=

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Message par Splitter Mar 22 Fév - 11:49

Tout est dans le titre, comme on dit, et même si je suis plutôt bien accompagné, les faits sont là : j'aime pas le froid, et la Russie, en hiver... c'est pas ce qu'on appellerait le must quand on est fan du climat brésilien. 'Fin bref, pleurer sert plus à rien, et je me contentais de regarder le paysage montagneux filer à toute vitesse derrière les vitres du 4x4 chaleureusement prêtée par le Val' pour notre trajet jusqu'à Denver, d'où nous prendrions un avion pour New-York, puis une correspondance pour Moscou, et là on nous pêcherait en camion à l'aéroport pour aller nous perdre dans la toundra - y parait qu'on a besoin de nous là-bas. Accoudé à la portière, je comptais presque les kilomètres nous séparant d'une distance grandissante du Valhalla - il était rare que je sois aussi peu enthousiasmé par une mission, mais celle-ci était plus une punition qu'autre chose - Lance, tu l'emporteras pas au Paradis !...

C'était suite à cette fichue blague (en plus je persiste et je signe, sa chambre était bien mieux en rose U_u) que le Conseil m'avait d'office assigné à la participation de cette fichue mission, dans ce fichu pays, par ce fichu hiver où il faisait fichusement froid (et je vous emmerde, je parle comme je veux). On nous avais laissé mariner quelques jours sans même nous dire où nous partions ni quand précisément, et ce ne fut qu'hier, lors de la première Réunion de la matinée, qu'on nous avait convoqués pour nous annoncer la couleur du séjour - qui en plus n'avait décidément rien d'une promenade de santé. Les trafiquants d'armes russes avec lesquels l'Ecole était affiliée (vous vous êtes jamais demandés comment les salles d’entraînements s'équipaient ?... Les placards ne se remplissent pas tout seuls...) avaient brutalement cessé tout contact avec l'Ecole, et les membres du Conseil craignaient qu'ils n'aient passé un contrat avec d'autres destinataires - ce qui était plutôt alarmant, aussi bien pour l'Ecole, qui perdait ses plus gros fournisseurs, mais aussi pour le reste du monde - il était impossible de savoir à qui ces crapules proposaient désormais leur stock, mais ce qui était sûr, c'est que ce n'était rassurant pour personne. Alors qui c'est qu'on envoi botter les fesses des méchant rurusses ?... C'est bibi et sa clique. On s'en serait bien passé...

... Mais c'est pour la bonne cause, me répétais-je pour au moins la 20 000 000 fois depuis le début du trajet. Edward était guérit et semblait vouloir rattraper le temps qu'il avait perdu avec sa soeur lors de sa période d’anonymat, Hanae était partie à peine une heure plus tôt avec Itaku (nous nous étions dit au revoir devant les garages, ça me déprimait de devoir me séparer d'elle si longtemps à cause d'une simple blague, ajoutant une raison de plus à ma morosité), Zak, Lech et moi étions plus inspirés que jamais, je voulais aussi prendre un peu des nouvelles d'Amely et Ireyelle... et bam, on me coupe dans mon élan en m'envoyant à perpette les oies. Quand je vous dit que je m'en souviendrais, de cette mission à la noix... Je savais que de toute façon, Amely était partie avec Ireyelle assister à l'anniversaire de Rose la veille, mais elles seraient vite rentrées... bien plus vite que moi.


- Eh le blond, tu boude encore ? XD me dit soudain Alexia, une jeune fille aux épais cheveux bruns tout ébouriffés et aux grands yeux verts que j'avais rencontré le matin même - le must du must, c'est que je ne connaissais qu'une personne dans ma nouvelle équipe : Ice, un grand type brun, à la peau mate et aux yeux bleus translucides, bâtit comme une armoire à glace - c'est Ice quoi.

- Fous-lui la paix Alex, laisse-le broyer du noir en paix, faut qu'il anticipe parce que dans l'avion, il sera trop occupé à se shooter pour bouder XD, répondit ce dernier en me jetant un regard amusé dans le rétroviseur.

- J'vous emmerde, bougonnais-je, déclenchant l'hilarité générale, et je ne pu retenir un sourire en coin - mine de rien, j'étais assez bien accompagné.

Il y avait tout d'abord Ice, Valar Contrôleur d'Ombre Eau, le seul que je connaissais, et encore d'assez loin - puis Alexia, cette jeune Bois énergique, Raven, un type taciturne tout de noir vêtu et qui semblait encore plus enchanté par cette mission que moi, Lila, une Morphe excentrique aux cheveux roses vifs, et enfin Spike, un Terre aux cheveux châtains et aux yeux d'une intense couleur chocolat, si marquée que j'étais quasiment sûr qu'un Morphe était passé par-là. Depuis le début du trajet, tout ce petit monde chahutait gaiement, l'origine de tout ce tapage étant parti de Lila, qui avait entreprit d'essayer de recolorer les cheveux de tout le monde avant d'arriver à Denver. Je m'étais réfugié contre une porte, à l'abri derrière l'épaisse chevelure d'Alexia, et je ne m'étais plus occupé de leurs jeux de gamin - une autre fois je me serais fait un plaisir d'aider Lila à teindre Raven en bleu, mais là, je n'étais vraiment pas d'humeur, et Lila avait vite abandonné l'idée de me refaire le nez lorsque j'avais menacé de griller son portable.

Spoiler:


Le calme était à présent plus ou moins revenu, Ice ayant quand même finit par faire remarquer qu'il avait du mal à se concentrer sur la route lorsqu'on voulait lui rétrécir les oreilles, et Lila essayait à présent de convaincre Alexia que le vert de ses yeux serait encore plus intense si elle donnait à ses cheveux des reflets auburn. Raven, calé contre l'autre portière, avait vissé ses écouteurs dans ses oreilles et regardait lui aussi le paysage défiler par la fenêtre, Spike lisait à l'avant et Ice fredonnait en choeur les paroles d'une chanson que je ne connaissais pas sur la seule station de radio qu'il avait réussit à trouver. Moi, je caressais distraitement Dichta, roulée en boule sur mes genoux, mon portable dans l'autre main, jetant de temps en temps un coup d'oeil agacé à la barre de réseau - maintenant que nous avions bien franchit les extrêmes limites de l'Ecole, nous ne pourrions plus utiliser nos portables avant la prochaine ville, soit Denver - soir d'ici encore quelques heure de patience. Mais si Hanae rentrait et qu'elle ne me trouvait nulle part, elle m'enverrait un sms... Rah, V.D.M.

Soupirant, je me retournais légèrement pour jeter un oeil à la route poussiéreuse derrière nous, enfin, autant que je pouvait en apercevoir au travers de l'épaisse queue touffue de la martre d'Alexia. Le serval de Lila était étalé à ses pieds, à moitié dissimulé sous le siège de Spike, dont le tarsier me fixais de ses grands yeux globuleux par-dessus le siège de son propriétaire. La corneille de Raven était posée sur la plage arrière avec la martre d'Alexia et le vautour moine d'Ice. Nos Animae étaient tous assez petits pour rendre le voyage le plus simple et le plus rapide possible, et nous étions tous munis de permissions pour faire voyager "nos animaux de compagnie" hors des frontières, mais le trajet en Russie serait loin d'être une partie de plaisir - j'avais déjà mal au ventre rien qu'à l'idée de toutes les heures que nous allions faire en boite volante. Enfin... au moins le trajet passerait en un éclair pour moi, parait-il... le fait est que j'en ai déjà marre.

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Message par Splitter Sam 26 Fév - 23:20

- T'es sûr qu'il va bien ?

- Mais ouiiiiiiii Alex, pour la millième fois, il va bien...

- Grrrrrblblblblllll...

- Un problème Raven ?...

- Je disais juste que c'est complètement stupide de se mettre dans des états pareils pour si peu...

- Eh, sois plus cool Rav', c'est pas sa faute s'il est claustro' enfin !

- Ben quand on est "clostro" à ce point, on prend pas l'avion, point !

- C'est facile comme ça tient ! Au moins ses angoisses ne l'handicapent pas, lui !

- Quoi, comment ça, "lui" ??? JE n'ai aucune angoisse moi !!

- Ah ça...

- Tu dit Spike ?...

- R-i-e-n.

- C'est ça. Dégonflé...

- Bon, vous avez fini vous tous ou il va vraiment falloir que je...

- IL BOUGE !!! Split', tu m'entends ?

- ... Mais CA VA PAS Lila de GUEULER comme ça ?? Tu m'as fouttu la trouille de ma vie !

- CHUT, j'entend pas ce qu'il dit !!

- ...

- ...

- ...

- ...

- ...

- 'Faites trop de bruit, réussis-je à grommeler de la manière la plus audible qu'il m'était permise pour l'instant.

Et ce n'était pas peu dire. J'avais l'impression qu'on me martelait l'intérieur du crâne avec un maillet géant, et je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi de se retrouver avec une sensation pareille un jour. Les glapissements de Lila ne m'aidaient pas à y remédier, et j’émergeais avec difficulté d'un brouillard pâteux, le regard flou, complètement épuisé. Je reprenais doucement conscience, secoué par les cahots de la camionnette que conduisait Ice, entouré de mes camarades, me demandant vaguement quelle heure il était et combien de temps j'avais dormi en tout. Dès notre arrivée à l'aéroport de Denver, j'avais prévenu tout le monde de mon léger handicap, et Ice, qui était de toute façon déjà au courant, m'avait assuré que ça ne le dérangeait pas de s'occuper de moi - de toute façon, il n'y avait plus grand chose à faire une fois que je m'étais gavé de calmants/somnifères, à part me pousser dans l'avion et s'assurer que je gagnais bien mon siège plutôt que de m'effondrer dans l'allée. Pour moi les deux voyages en avion n'avaient donc qu'été une looooooongue et douloureuse sieste, et mis à part une pause d'une heure à New-York où j'avais refusé d'avaler quoi que ce soit, je n'avais pas vu le temps passer, et je m'éveillais à présent, groggy et mal à l'aise - et affamé surtout.

- Yoh, la Belle au Bois Dormant, heureusement que je pense à toi, sinon Ravi' t'aurait bouffé tous tes sandwichs U_u

- De quoi ??? O.o

- Roh c'est bon Rav', il plaisante... Comment tu te sens Split' ? Tu veux manger quelque chose ?...

- Euh... J'préfère attendre encore un peu...

J'avais faim, mais je savais d'expérience que me jeter sur la nourriture alors que j'étais encore dans les vapes était une très mauvaise idée. L'intérieur surchauffé de la camionnette m'aidait à calmer les frissons d'angoisse qui parcouraient encore ma colonne vertébrale, et il ne me fallut que quelques minutes de pause supplémentaires pour me sentir mieux et pouvoir me redresser sur la banquette. Je notais avec un sourire les nouveaux reflets roux de la chevelure d'Alexia - avant de porter une main à mon nez, horrifié, déclenchant (une fois de plus involontairement) l'hilarité générale.


- T'inquiet' le blond, j'ai veillé au grain, elle a pas touché à ton nez XD, me lança Ice, mort de rire.

- Roh ça va, je n'aurais pas fait ça dans son sommeil de toute façon U_u, protesta Lila, faussement vexée. Mais... puisqu'on en parle, tu es sûr que tu ne veux pas que je...


- Non, Lila, je suis sûr que mon nez est très bien comme il est, répondis-je, recouvrant peu à peu ma répartie habituelle, avant de tendre la main vers Alexia - je savais que c'était elle qui gardait la bouffe.


Lila sembla exagérément déçue de mon énième refus, mais je savais qu'elle s'en remettrait, et sur-ce je mordis à belles dents dans un sandwich au bacon. Tout le monde s'était changé pour revêtir des tenues adaptées au froid polaire qu'on ne pouvait que deviner de l'autre côté des vitres couvertes de givre, et je me demandais à combien d'heures de route nous étions à présent de Moscou - mais en fait, je m'en fichais. Peu m'importait dans quel trou du confins de la Russie nous allions nous enterrer, ce serait de toute façon sous la neige et par températures négatives, ce qui suffisait largement à faire de cette mission une vraie punition. Moi, je portais toujours les vêtements que j'avais en quittant le Val', soit des vêtements chauds mais pas assez pour affronter le froid qui régnait au dehors, et même si Ice avait prit soin de m'envelopper dans mon lourd manteau d'hiver et de remplacer mes converses en cuir par des rangers fourrées, la première chose qu'il faudrait que je fasse en arrivant au refuge serait de vite m'habiller pour pas crever d'hypothermie - ce serait con quand même.


Mais j'étais déjà plus optimiste après avoir littéralement engloutis trois énormes sandwich sous les regards ébahit d'Alexia et Lila, qui en étaient à se demander où je stockais tout ça ("pour alimenter ma connerie", leur répondit Dichta, et seul Spike éclata de rire à sa réplique - mais en temps que bon télépathe, il garda les raisons de son hilarité confidentielle, ce dont je lui fut très reconnaissant). Là encore, le trajet en voiture fut désespérément long, et la nuit était tombée depuis longtemps lorsque Ice se gara devant un monticule neigeux qui se révéla être notre refuge. A demi ensevelit sous terre et presque intégralement couvert par la neige, il serait bien isolé et je ne serais pas trop mal à l'aise à l'intérieur - du moins en théorie.


Secouant doucement Lila, qui s'était endormie sur mon épaule, nous entreprîmes de rassembler nos affaires et de nous boucler dans nos manteaux - même si la traversée de la camionnette au refuge serait brève, passer du climat de la dite camionnette, qui frisait les 25°, à celui qui régnait au-dehors, probablement encore inférieur à -30°, serait un choc thermique assez important pour qu'on se donne la peine de s'y préparer. J’ôtais notamment un à un tous mes piercings, histoire d'éviter les engelures, et je passais plusieurs fois ma langue sur mes lèvres - ne plus y sentir ni clou ni anneau était assez étrange. Enfin, les sacs sur l'épaule et nos Animae soigneusement blottis contre nous, nous nous éjectèrent de la camionnette pour nous précipiter vers la porte. Ice batailla quelques secondes avec la serrure gelée, mais nous pûmes enfin entrer et refermer la porte derrière nous, condamnant le froid à rester au dehors... ou pas.


Il faisait anormalement froid dans le refuge, sensé être habité par une équipe de Valar à laquelle nous devions simplement venir prêter main forte, et il faisait surtout noir comme dans un four. Dichta s'agita légèrement contre moi, et au chuchotement que j'entendis autour de moi je compris que je n'étais pas le seul dont l'Animae commençait à s'agiter. A cet instant, une odeur sombre frappa mes narines, une odeur acre de rat crevé - ils ont oublié de surveiller les dates de péremption de la viande ou quoi ?... Reculant d'un pas alors que Ice continuait à avancer à tâtons contre le mur à la recherche d'un interrupteur, je me heurtais à Lila, qui tremblait de tous ses membres et crispa violemment une main sur mon bras.


- Non... il faut s'en aller... vite... murmura t-elle, trop bas pour que les autres puissent l'entendre.


A cet instant, un déclic se fit entendre alors que Ice avait enfin trouvé un interrupteur, et le spectacle qui s'offrit à nous yeux nous figea sur place. Trois corps étendus face contre terre sur le sol de béton ciré baignaient dans leur sang - ou plutôt, dans une flaque de sang séché déjà vieux de plusieurs jours. Il était impossible de déterminer la cause de leur mort de la où nous étions, et mis à part le fait qu'ils s'étaient vidé de leur sang, aucune plaie n'apparaissait au travers de leurs épais manteaux - mais ils étaient bien morts, et depuis un moment. Choqués, aucun d'entre nous ne réagit, se contentant de contempler les corps à quelques mètres devant nous - à cet instant, les lumières s'éteignirent brusquement...



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Message par Splitter Lun 28 Fév - 23:52

... Avant de se rallumer à nouveau dans la foulée - j'avais relancé l'alimentation des ampoules plus par réflexe que par réel calcul (j'aurais d'ailleurs pu le faire plus tôt - -"), et elles éclairèrent à nouveau la scène d'une lumière crue - mais de petits copains s'étaient ajoutés au décors, et eux, ils étaient bien vivant. Enveloppés dans d'épais manteaux polaires, le visage dissimulé par des cagoules noires et armés de lourdes mitrailleuses, ils se figèrent alors que la lumière revenait, visiblement surpris. Pendant une fraction de seconde, le temps sembla suspendre son vol, et je croisais le regard d'un des hommes qui nous faisaient face - un regard clair, glacial, cruel - un regard de tueur - puis ils se ressaisirent... et envoyèrent la sauce.

Et c'est là qu'on reconnait une équipe de Valars entraînés à une autre de pauvres bluffeurs (comme Lance U_u). Plongeant au sol, je roulais sur moi-même en écrasant légèrement Dichta, mais il valait mieux ça que d'être transformé en passoire, et je me redressais vivement, en sandwich entre une table renversée et un des cadavres. Prenant soin de ne pas regarder le visage du Valar mort, je dégageais Dichta de l'intérieur de mon manteau en tirant sur sa queue - pas le temps de faire dans la finesse - et je me relevais pour balayer rapidement la pièce du regard. Mon cerveau fonctionnait à présent comme au ralenti, mon coeur battait la chamade et j'avais l'impression d'avoir quitté mon corps et d'être étranger à mes propres gestes, signe que l'adrénaline coulait déjà à flot dans mes veines - mais j'étais étrangement calme. Spike, qui avait du voir venir l'attaque bien avant nous, m'avait précédé derrière la table, et jaugeait comme moi la situation d'un rapide coup d'oeil - mais ce que je voyais était loin de me rassurer.


Le seul "abri" dans la pièce était la table renversée derrière laquelle nous nous trouvions, et seul Spike et moi avions eut le réflexe de nous jeter derrière. Lila et son Animae s'étaient jetés sur nos assaillants, et les deux servals bondissaient de victime en victime, la gueule en sang. Sa technique était simple, mais efficace : elle utilisait l'humidité de l'air pour figer les pieds de ses victimes dans la glace, et elle n'avait plus qu'à se jeter sur leurs jugulaires, les faisant tomber en les emportant dans son élan, esquivant adroitement les tirs des mitrailleuses. Ice avait envoyé son ombre en vadrouille, et des hurlements commencèrent à retentir parmi nos assaillants alors que celle-ci rampait sur eux comme un serpent et les étranglait sans qu'ils ne puissent rien faire pour s'en débarrasser tendit que Ice avait récupéré une mitrailleuse et tirait dans le tas. Alexia s'était dédoublée et se baladait maintenant en quatre redoutables exemplaires, chacune munies d'un long bâton de bois noir qu'elles maniaient avec dextérité pour frapper nos adversaires, les désarmer et les assommer. Raven lui avait dégainé son sabre à la lame étonnement courte, qu'il avait enflammé et avec laquelle il infligeait de sérieuses blessures - il ne me fallut qu'une seconde pour balayer la pièce du regard, et je quittais à présent ma position défensive pour moi aussi participer à la bataille.


Mais alors que tout semblait tourner à notre avantage, en une nouvelle seconde, le combat, déjà peu idyllique, vira au cauchemar. Un cri - Spike - un avertissement - une nouvelle salve de tir - un hurlement de douleur. Sous mon regard horrifié, un des doubles d'Alexia qui se tenait à ma gauche s'évapora dans un nuage de poussière, et je me retournais vivement après avoir envoyé quelques 80 000 Volts dans la gueule de l'enfoiré qui me faisait face - juste à temps pour voir le corps d'Alexia toucher le sol, criblé de balles. Raven s'était précipité à ses côtés - il avait un bras dans un sale état, preuve que lui aussi avait subit la rafale, mais il ne semblait pas s'en préoccuper plus que ça - une balle tinta sur le sol alors que son pouvoir de guérison agissait déjà - mais il fixait avec horreur un nuage d'une poussière d'un vert scintillant - la martre avait disparut avant qu'il n'ait le temps de faire quoi que ce soit.


- ALEX' !!... LILA NON !!!!!!!


Avec un mugissement de rage, une énorme panthère bondit au visage de l'homme qui avait tiré sur Alexia, et un nouveau cri se fit entendre - de Raven cette fois, alors qu'il attrapait la panthère par la peau du cou pour l'écarter de la trajectoire de nouveaux tirs - au détriment de sa propre sécurité. Touché en plein poitrine, il s'effondra lourdement sur le sol de béton ciré alors que sa corneille, occupée jusque là à essayer de crever les yeux de nos assaillants, poussa un dernier croassement avant de disparaître dans un nuage de poussière d'un rouge flamboyant.


- Et MERDE !!!!!!!


Alexia d'abord, maintenant Raven, notre dernier guérisseur puisque celui sensé être sur place était déjà six pieds sous terre depuis un bail... Plongeant de côté, j'évitais une rafale de balles alors que je grillais à distance tous les hommes à ma portée à coups de plusieurs centaines de milliers de Volts - plus de pitié, mais je devais constamment me déplacer et donc interrompre mes électrocutions pour éviter les balles - j'étais fort, mais pas au point de pouvoir stopper net avec ma télékinésie des balles de mitrailleuses tirées presque à bout portant.


L'espace était en effet très exigu, nous étions huit Valars, trois morts avant notre arrivée, deux de plus dès le début des hostilités, trois donc encore debouts, et malgré les cadavres jonchant le sol et rendant difficile les déplacements rapides nécessaires pour éviter les balles, il restait encore une bonne vingtaine facile d'hommes cagoulés - une bonne partie était tombée comme des mouches au début du combat, la cervelle réduite en compote par les soins de Spike, mais il était à présent en train de matraquer nos assaillant avec un des pieds de la table, et alors que j'évitais de nouvelles balles, me demandant vaguement où ils avaient bien pu apprendre à viser pour être aussi nuls, un appel mental perça le brouhaha ambiant :


" - GAFFE AUX TASERS !!"


Aux quoi ?!... Mais à quoi ils jouent ?... Mais avant que je n'ai le temps de me poser d'avantage de questions, l'alerte mentale de Spike fut confirmée - la moitié de ce qui restait de nos adversaires avait à présent relâché le canon de leurs mitraillettes et pointaient sur nous des tasers. Un sourire carnassier étira mes lèvres - c'est dangereux d'essayer de me piéger sur mon propre terrain. Un tir fusa dans ma direction, et j'esquissais un sourire en chopant l'embout de l'arme au vol. L'électrocution ne m'arracha qu'un frisson, engourdissant à peine ma main - 50 000 Volts, petits joueurs - et je renvoyais le jus dans l'autre direction puissance 10 000 - l'homme qui tenait le taser s'effondra, mort avant d'avoir touché le sol. Et encore un de moins.


Mais leur changement de tactique m'inquiétait plus qu'autre chose - depuis le début, ils n'avait pas réellement visé avec leurs mitrailleuses, en fait - pour ne pas dire qu'ils avaient essayer d'éviter de nous tuer. La mort d'Alexia et de Raven semblait avoir fait diminuer les salves de tir, et maintenant ils sortaient des armes dangereuses, mais moins mortelles que des mitrailleuses - ils nous voulaient vivant. Et je n'étais pas pressé de savoir pourquoi. Mais en attendant, le comportement de Lila devenait sérieusement problématique. Folle de rage, elle massacrait quiconque tombait sous ses crocs, son Animae faisant de même - jusqu'à ce que l'un de nos adversaire n'ait une idée redoutable. Une rafale fusa, un double rugissement retentit - mais lorsque le serval disparut dans un nuage de poussière bleutée, la panthère était bien vivante - prostrée sur le sol, recroquevillée sur elle-même, mais bien vivante. Les salauds.


- BANDES D'ENFOIRES !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! hurla Spike - il devait ressentir la douleur de Lila mieux que quiconque n'aurait pu l'imaginer dans cette pièce.


Fou de rage, il se jeta sur nos adversaires, Ice et moi trop loin pour le retenir, et tout se passa très vite. De nouveau tir, un grognement de douleur - Spike tomba à son tour, inerte sous nos regard horrifiés. Et je parlais de cauchemar quelques instants plus tôt... ça ne faisait que commencer. Nous n'étions plus que deux à lutter - deux et demi, si on comptait la silhouette immobile de Lila, tétanisée au milieu des cadavres - et si au début les décharges des tasers ne me faisaient pas grand effet, je commençais à ressentir de plus en plus violemment leurs effets - mon corps commençait à saturer. La tempe explosée par un coup de crosse bien placé, le sang me ruisselait dans les yeux, et je du bientôt me résigner à fermer un oeil, réduisant considérablement mon champ de vision, mais le sang obscurcissait de toute façon trop ma vue pour que garder l'oeil ouvert me soit utile. Mais j'encaissais par le même coup de plus en plus de décharges, m'engourdissant un peu plus à chaque fois. Les seules rafales de balles que j'entendais encore ne visaient que Ice dans une vaine tentative pour essayer de le maîtriser, et sur la quinzaine d'hommes encore valides, seuls une dizaines s'acharnaient encore - pour eux, la victoire était proche. Mais nous n'avions pas dit notre dernier mot.


Il ne me suffit que d'échanger un bref coup d'oeil avec Ice pour qu'une entente implicite se mette en place entre nous. Se redressant de toute sa hauteur, il plaça son corps en rempart entre nous et nos assaillants - encaissant de plein fouet une unique et dernière salve de balles, trouvant pourtant la force de dresser un mince mur de glace. Dans un dernier et brutal effort, j'électrocutais au hasard un maximum de personne alors que je faisais volte face pour me précipiter vers la porte, de laquelle j'avais réussis à me rapprocher au maximum au fil des combats. Manquant glisser et m'étaler connement sur le sol poisseux de sang, je me jetais sur la poignée et ouvris grand le battant qui cogna violemment contre le mur, avant de me retourner vers l'intérieur de la pièce.


- DEGAGEZ !!! hurlais-je en direction de nos Animae - Dichta et le vautour ne se firent pas prier, et tout deux disparurent dans le blizzard avant que quiconque n'ait le temps de réagir.


Pendant ce temps, Ice, en véritable colosse immortel, avait saisit Lila par la peau du cou et l'avait balancée de toutes ses forces dans ma direction - mais bien qu'elle paraisse consciente, elle ne reprenait pas forme humaine, ne tenait pas sur ses pattes - le combat n'avait du au final durer qu'une vingtaines de minutes, mais j'avais replié au moins autant de canon de mitraillettes, projeté tous ceux qui se trouvaient sur mon chemin à tour de rôle contre les murs et les meubles restants, distribué quantité de coups, et si je n'avait été qu’érafflé par les balles, j'avais eu ma dose de coups et de décharges, j'étais épuisé, je ne pourrais jamais traîner Lila au-dehors si elle ne se décidait pas à m'aider. Dans un dernier effort désespéré, je l'attrapais à pleines mains par la peau du cou et tirais de toutes mes forces.


- ALLEEEEEEEEEEZ, BOUGE PUTAIIIIIIIN !!!!!


Mais hurler ne servait à rien - elle ne m'entendait pas, je le savais. Je croisais le regard embué d'Ice, une dernière fois - la résignation que je lu dans ses yeux d'un bleu limpide acheva de me déchirer le coeur, mais elle me donna également la force d'accomplir une dernière tentative désespérée pour sauver ce qui pouvait encore l'être. Soulevant Lila autant par la force de mes bras qu'à l'aide de ma télékinésie, je la trainais vers la sortie en grognant à la fois de douleur et de désespoir - cette fois, j'avais la triste impression qu'on ne parviendrait pas à s'en sortir.


" - Splitter, qu'est-ce que tu fais ??!!! Abandonnes-là, son Animae est mort, tu ne peux plus rien pour elle, sauve ta peau !!!"


" - NON !!! Ice s'est sacrifié pour nous deux, elle peut s'en sortir, elle n'est pas morte !!!!"


" - Elle ne survivra pas longtemps sans son Animae, le désespoir la tuera, je t'en supplie Split' COURS !!"


" - NON !!!! JE N'ABANDONNERAIS PAS, JE NE PEUX PAS, JE NE VEUX PAS !!!"


" - IL EST DEJA TROP TARD, SPLITTER, SAUVES-TOI, QUE LE GESTE D'ICE NE SOIT PAS VAIN !!!!"


Je n'eu même pas le temps de répondre, même pas le temps d'envisager de peut-être écouter mon Animae. Dans mon dos, Ice s'effondra, montagne vaincue, colosse dompté, et les derniers pans de son mur de glace s'écroulèrent avec lui. J'entendis un bruit de course - je tirais une dernière fois de toutes mes forces le corps inerte de Lila - puis j'entendis les tirs, je ressentis les chocs des tasers s'enfonçant un à un dans mon dos... Au premier je tombais à genoux, au second je posais une main au sol... Le troisième m'arracha un cri de douleur, le quatrième me projeta définitivement à terre. Au cinquième, ma vue se troubla, et je sombrais dans une inconscience fiévreuse, sentant encore mon corps se crisper de douleur sous la violence des décharges le traversant.


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Message par Splitter Sam 5 Mar - 21:20

Durant un instant qui aurait tout aussi bien pu durer une fraction de seconde qu'une heure, je crus avoir été réveillé par des coups frappés à ma porte - avant de comprendre que ce n'était que le mugissement du sang cognant douloureusement à mes tempes. Encore à demi inconscient, il me fallut un certain temps pour parvenir à reprendre contact avec mon corps - une minute, une heure ?... Complètement indéterminable, mais toujours est-il que lorsque j'ouvris enfin les yeux, je constatais qu'en fait, j'aurais peut-être préféré rester dans les vapes.

Tout mon corps était perclus de courbatures, et je me sentais encore plus mal qu'après avoir été roué de coups - tous mes muscles sans exception me faisaient mal, bien que je sois parfaitement immobile. La saveur salée à l'arrière goût de rouille du sang imprégnait ma bouche, et lorsque je commis l'erreur de redresser légèrement la tête, tout se mit à tourner autour de moi - le lendemain de la cuite du nouvel an, c'est de la gnognote en comparaison. Gardant donc pour l'instant la tête baissée, j'essayais de faire le point sur les derniers évènement, mais mon cerveau tournait au ralentit, et les douleurs et malaises qui m'assaillaient de toute part n'aidaient pas à la concentration. Passant ma langue sur mes lèvres, j'en essuyais le sang séché en grimaçant, grimace faisant se craqueler le sang séché maculant tout le côté droit de mon visage - mauvaise idée, l'intensification de ce goût métallique dans ma bouche m'arrachant un haut le coeur. La gorge en feu, je rejetais la tête en arrière, rencontrant la surface du mur auquel j'étais adossé, essayant de prendre une profonde inspiration pour m'éclaircir les idées - peine perdue, ma cage thoracique semblait comme écrasée par un poids énorme, tous mes muscles étaient littéralement tétanisés, et j'étais surtout matraqué par une sensation que je commençais seulement à reconnaître : cette sensation d'étouffement liée à un enfermement. Je ne savais pas où j'étais ni pourquoi, mais une chose était sûre : j'étais retenu sous terre.

La simple constatation m'arracha un nouveau haut le coeur, et j'entendis des chaînes tinter alors que je me penchais sur le côté - mes chaînes, compris-je avec horreur. J'étais avachis contre un mur froid et humide, les poignets retenus à hauteur d'épaules par de lourdes chaînes et d'épaisses menottes qui m'irritaient les poignets au travers de mon sweat - on m'avait débarrassé de mon manteau, et je me rendis également compte que j'étais transi de froid. Pris par une soudaine quinte de toux, je toussais à m'en arracher les cordes vocales, si bien que je crus que je n'allais jamais réussir à reprendre mon souffle - mais enfin, par un suprême effort de volonté, je réussis à calmer ma toux, frissonnant des pieds à la tête en tirant sur mes chaînes. Là, je crois que j'ai vraiment touché le fond. A deux doigts de retomber dans les pommes, je m'obligeais pourtant à ouvrir les yeux, clignant des paupières jusqu'à ce que ma vision soit à peu près nette. Il faisait atrocement sombre, la pièce éclairée par un unique néon qui diffusait une lueur tremblotante et blafarde - mur de parpaings bruts, sol de béton, si j'ai pas le cerveau encore trop ramolli, je suis quelque part dans une cave en Russie. Eh ben ça promet.

Enfin... nous sommes quelque part dans une cave au fin fond de la Russie. A côté de moi, étendue sur le sol de béton froid, une panthère emprisonnée par un épais collier de métal fixe la porte en face de nous d'un oeil complètement vide. Lila. Un éclair d'adrénaline traverse soudain mon corps, m'offrant quelques secondes de lucidité qui me permettent de faire un constat simple, mais vital : elle peut nous sortir de là. Son collier ne la retiendra plus si elle prend une forme plus petite, et après elle pourra se changer en quelque chose de plus gros et on pourra mettre les voiles. M'agitant quelques secondes dans une vaine tentative pour essayer de me redresser, j'abandonnais en soupirant, et me raclais la gorge pour tenter d'appeler Lila. Il me fallut quelques essais supplémentaires pour réussir à émettre autre chose qu'un croassement rauque, mais enfin, je réussis à prononcer son prénom plus ou moins distinctement.

- Lila ?...

Rien, pas même un clignement de paupière pour m'indiquer qu'elle m'avait entendu, ses iris pourpres et ternis fixé sur la porte métallique nous faisant face - blindée, probablement... y tiennent vraiment à nous dit-donc.

- Lila... j't'en supplie, sort nous de là... gémis-je, si faiblement que je n'étais même pas sûr d'avoir été audible.

Il fallait qu'on sorte, et très vite, avant que je ne devienne fou. L'enfermement était pire que tout pour moi, et tout mon corps pourtant meurtrit ne m'incitait qu'à une chose : me lever et prendre mes jambes à mon cou. Mais ce n'était malheureusement pas au programme, d'autant plus qu'un claquement retentissant précéda soudain l'abaissement de la poignée de la porte qui s'ouvrit en grinçant, laissant place à trois hommes semblables à ceux qui nous avaient attaqués. Conversant dans une langue dont je ne compris pas un mot mais que j'identifiais comme du russe pour avoir souvent entendu Zak le parler (et puis en même temps, je vois pas pourquoi des Russes parleraient allemand...), il détachèrent nos chaînes du mur derrière nous et me mirent sur mes pieds - mauvaise l'idée. Ils me rattrapèrent avant que je ne m’effondre au sol, et entreprirent de me traîner hors de la pièce - ils n'étaient que trois, j'aurais pu les battre, j'aurais pu m'enfuir... Mon corps ne répondait plus, et je fus condamné à les laisser me traîner dans le dédale des couloirs souterrains de ce que je devinais être leur planque, un autre de ces bouledogues tirant Lila de force dans mon dos bien qu'elle refuse de tenir sur ses pattes - la perte de son Animae semblait lui avoir ôté tout instinct de survie le plus primitif, ce qui ne m'arrangeait franchement pas.

Ils nous emmenèrent dans une pièce où un bassin rempli d'eau côtoyait une étrange machine, et je frissonnais violemment à la vue du circuit de fils électriques qui reliaient le bassin à la machine - je veux même pas savoir ce qu'ils nous veulent, ce qu'ils espèrent apprendre, ni même s'ils comptent bien user de ce truc contre nous - tout ce que je veux, c'est me barrer, et vite si possible. Revigoré par un élan de terreur pure, j'envoyais promener mes deux gardiens d'une brusque onde de télékinésie, avant de faire volte face pour commencer à courir vers la porte - tout, tout plutôt que leur servir de cobaye. Je fixais désespérément la sortie, si proche et pourtant si lointaine, courant de toute mes force avec l’atroce impression que plus j'avançais, plus le chemin s'allongeait. Et pourtant, je n'étais plus loin de la porte, j'y étais presque !! Si je la refermais derrière moi, ils seraient coincés, alors peut-être aurais-je plus de 0,01% de chances de m'en sortir, peut-être même de revenir chercher Lila à temps...

Mes espoirs furent tués dans l'oeuf alors que j'atteignais la porte. Un coup de feu retentit, et résonna encore longtemps à mes oreilles avant que la douleur n'intervienne. Lentement, alors que mon cerveau s'embrumait de nouveau pour me donner l'illusion que le monde tournait au ralentit, je sentis ma cheville se dérober sous mon poids. La gravité se chargea du reste, et la porte grande ouverte disparut de mon champ de vision, remplacée par le sol de béton qui se rapprochais de seconde en seconde - et enfin, une douleur fulgurante remonta depuis ma cheville pour secouer mon corps tout entier, atténuant celle de mon épaule alors que je m'effondrais sur le sol. Un hurlement me perça les tympans, et je compris avec stupeur qu'il s'échappais de mes lèvres - je n'avais pas hurlé ainsi depuis l'époque où mon père me frappait - puis l'obscurité troubla ma vue, et je n'eu même pas la force de redresser une dernière fois la tête, posant simplement mon front sur le sol glacé.

Je n'avais même pas pu parcourir trois mètres.

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Message par Splitter Lun 7 Mar - 13:46

"... Le lecteur CD dispense en bruit de fond une chanson d'un vieil album de U2, bruit trop léger pour couvrir le doux ronronnement du moteur de la Ferrari bleu électrique qui serpente sur la terre rouge du désert en soulevant des nuages de poussière ocre. L'intérieur, matelassé de cuir noir et bleu, et petit mais confortable, et pourtant je me tiens raide sur mon siège, les mains crispées sur les accoudoirs. Il fait beau, les oiseaux chantent, le ciel est bleu... mais...

- ... Nana-chan chérie, euh... t'es sûre que tu voudrais pas retourner sur la route ?... Tu sais, l'endroit initialement prévu pour rouler... tentais-je d'une petite voix.

La jeune femme derrière le volant me retourne un regard passablement amusé de ses étranges yeux vairons - l'un est noir et profond, l'autre bleu-marine et pétillant - mais les deux se foutent visiblement bien de ma gueule. Un sourire étire ses lèvres fines couleur pamplemousse, sourire ironique s'il en est - et sachant à qui j'ai affaire, c'est bien le cas, et pour toute réponse elle fait rugir le moteur de la bête... en accélérant encore un peu. J'aurais voulu soupirer pour signifier ma désapprobation, mais mes poumons se sont paumés quelque part dans mes chaussettes, et je me contente donc de lui lancer un regard désespéré - inutile, elle ne me regarde plus de toute manière, un minimum concentrée sur sa route - enfin, plutôt sur le chemin rocailleux absolument pas conçu pour une Ferrari et où une jeep serait à peine plus appropriée sur lequel nous roulons actuellement - contre mon gré, est-il utile de le préciser ?...

Mais maintenant qu'elle a détourné le regard, je peux la dévorer des yeux à loisir, et je ne m'en priverais pour rien au monde - de toute façon dehors, y'a que de la poussière et des cailloux (et si je regarde par la fenêtre la r... le paysage défiler trop rapidement je vais être malade, mais ça je le garde pour moi U_u). Toujours accroché à mes accoudoir comme si ma vie en dépendait, je la fixe d'un regard doux, détaillant les traits fins de son visage, ses grands yeux bordés de longs cils sombres, son nez légèrement retroussé, sa peau aussi blanche que la mienne, ses courts cheveux d'un noir d'encre taillées en un carré plongeant méchés de bleu nuit - elle est dans sa période "bleue", et c'est peut-être pour ça que ma chemise blanche aux manches retroussées s'ouvre sur un tee-shirt tout simple d'un bleu électrique. Enfin, "tout simple", avec moi, faut le dire vite... le tee-shirt en question étant recouvert de badges divers, allant des Rolling Stones au symbole anarchiste, laissant à peine voir la gracieuse inscription noire intitulée "I'm not a fuck machine".

Ou pas... va te coucher Split'. Elle est si gracile qu'il lui a fallut un bon moment pour arriver à régler son siège correctement, évidement épaulée par mon fou rire, et c'est peut-être pour ça qu'elle se venge maintenant... J'aime la vitesse, et j'ai tendance à ignorer légèrement les limitations, mais au-delà de ce léger détail, ma conduite est irréprochable... Contrairement à la sienne : non seulement elle roule trop vite, mais en plus nous avons à présent quitté la route mais en plus elle s'amuse à faire des zig zags et à partir en dérapages plus ou moins contrôlés. J'vais mouriiiiiiiir T.T

Encore heureux, on va pas très loin... enfin, Denver, c'est pas la porte à côté quand même mais bon, ça aurait pu être pire =_= Des Valars avaient ramené des élèves des quatre coins d'Amérique, et nous étions partis les récupérer pour les ramener au Val' (on échangerait la Ferrari contre un minibus en ville, comme ça Hanae arrêtera peut-être de faire l'andouille au volant =_=), en équipe officiellement, en amoureux officieusement. Quand y'aura les mômes (dont certains auront mon age...) faudra que j'essaye d'arrêter de la zieuter comme ça quand même, j'dois avoir l'air complètement attardé... Mais en même temps, c'est de sa faute à ELLE !!! Elle est tellement chou dans son mini short en jean (ex pantalon soigneusement découpé <- vu de mes yeux), son petit débardeur bleu-marine bordé de dentelle noire, son pendentif en perle passé dans un ruban de satin noir autour de son cou... Raaaah, même ses Doc Martens elles sont chou T.T Putain, j'deviens grave.

Sentant le poids de mon regard sur elle, elle tourne à nouveau ses yeux bicolores vers moi et je me noie dans la profondeur de ses pupilles. Soutenant mon regard, un sourire étire ses lèvres, et elle se penche alors légèrement pour effleurer mes lèvres des siennes, tout doucement, furtivement...

- ... Nana-chan chérie... T'es sûre que tu veux pas regarder devant toi ?... demandais-je d'une petite voix, les mains plus crispées que jamais sur mes accoudoirs..."


J'ouvre les yeux sur les échos de ma propre voix sans pouvoir entendre les intonations cristallines de la jeune femme de mon rêve. Mais la frustration peine à se frayer un chemin au coeur de mon esprit tourmenté, parce que pour ressentir de telles émotions, encore faut-il être conscient, ce que je ne suis qu'à demi. Ou alors, suis-je au contraire en train de m'endormir plutôt que m'éveiller ?... La réalité pourrait-elle être auprès de la jeune femme de mon rêve ?... Non, tout simplement parce que déjà, de telles femmes n'existent que dans les rêves des hommes. Et puis ce ciel bleu, cette douce brise, ce paysage, comment aurais-je pu les voir autrement qu'en rêve ?... Non, la seule réalité n'est que celle que je vis à présent, bien qu'elle s'apparente plus à un véritable cauchemar... même l'Enfer ne pourrait être pire. A moins qu'en fait, je n'y sois déjà ?...

Depuis combien de temps suis-je à la merci de ces hommes dont je ne peux que deviner les traits derrière le brouillard qui voile mon regard ?... Ais-je un jour connu autre chose que douleurs et tourments ?... Coupures, coups, blessures innombrables, chocs électrique, depuis quelques temps c'est cette option qu'ils privilégient, mais en quel honneur ? Que cherchent-ils ?... Ont-ils cru que mes plaies se refermeraient d'elles même ?... Ont-ils cru que je pourrais résister aux températures polaires auxquelles ils me soumettent ?... Ont-ils cru que je pourrais résister à leurs machines ?... Me prennent-ils pour un indestructible ?... Que cherchent-ils à la fin, QUAND me laisseront-il en paix...

Je ne sens plus mon corps, mais je trouve quand même la force d'ouvrir les yeux quelques secondes. Mon regard tombe sur une main inerte à mes côtés - ma main ?... - une main décharnée aux phalanges sanguinolentes, aux ongles noirs et aux doigts se teintant de violet. C'est ma main ?... Je ne le saurais jamais, mes yeux se referment déjà tout seuls, me rendant aussi aveugle que je ne suis sourd et muet. Doucement, je replonge dans les ténèbres, mais une part de mon esprit, la dernière qui n'a pas encore abandonné, celle qui lutte de toute ses forces pour notre survie m'empêche de sombrer, me torture d'une sensation de déjà vu, d'une certitude ancrée en moi et pourtant si dérisoire face à la profondeur du gouffre que je longe...

Hanae. La jeune femme, elle s'appelle Hanae...
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Message par Splitter Mer 24 Aoû - 12:04

"Je souriais contente de moi. J'avais passé deux semaines à faire ce dessin et j'en étais particulièrement fière pour une fois de mon dessin. Enfin cette aquarelle. J'avais commandé un cadre et la je venais de finir de le mettre sous verre. Je le retournai et je regardai le résultat final. J'étais ravie sans fausse modestie ou vantardise.

Je l'emballais avec du papier cadeau argenté.
Plus qu'à le donner à Splitter......T_____________T je n'avais plus aucun courage soudainement.

Je soufflai et me motivai. Je devais lui donner. Ça comptait beaucoup pour moi qu'il l'ait après ce qu'il avait fait pour moi.

Je passais l'écharpe bleue que m'avait créé Akira. Les couloirs étaient plutôt froids. Je jetai un œil à ma tenue dans le miroir de la salle de bain.
Bon cheveux : deux couettes basses : check. Tenue : un pull blanc col en V manches tombantes sur mes mains, jupe courte écossaises bleue foncé et noir ok... collant noir opaque ok... ballerines noires ok. Écharpe bleue... hum pas tout a fait le même bleu que la jupe mais aucune importance. Je me mis une claque mentale. J'allais voir Splitter pas un type que je voulais draguer =_=
Enfin être présentable pour offrir un cadeau était important.

Je cessai de tergiverser et je filais, fermant ma chambre rapidement. Avant de rentrer de nouveau. J'avais oublié le cadeau. Quelle cruche !!

Je montai tranquillement à la chambre de Splitter et je frappais. Je lui souris joyeusement quand il m'ouvrit et je lui donnais le cadeau "Bonjour Splitter ! Joyeux Noël un peu en retard" j'avais les joues rouges, gênée, mais je voulais lui donner avant de changer d'avis.

Enfin il l'ouvrit et je le regardai avec appréhension. Je craignais sa réaction : l'aquarelle encadrée par du bois foncé et laqué représentait Splitter tenant dans ses bras sa mère qui elle tenait Dichta. C'était un dessin dégageant de la douceur, de la tendresse et de l'amour filial. Le tout dans des couleurs et une lumière douces. Je n'avais pas mis de paysage derrière, faisant juste un fond légèrement ocre... très légèrement, juste pour donner de la profondeur au dessin.

Je n'osais pas parler. Et si ca ne lui plaisait pas ? Et si je le blessai en lui offrant ce dessin ? Je blanchis. J'avais gaffé. Il avait perdu sa mère et moi je lui offrais un tableau représentant ce qu'il n'aurait plus jamais. Quelle cruche. Pourtant l'idée m'avait parut bonne sur le coup... et durant les deux semaines que ca m'avait demandé... et maintenant... devant Splitter... je ne savais plus ou me mettre.

Il restait silencieux et moi je me sentais de plus en plus mal. Je n'osais même plus le regarder. "Pardon... c'était une idée stupide... jette-le si tu le souhaites" murmurais-je d'une voix blanche, avant de tourner les talons pour fuir."

Mais elle n'avait pas eut le temps d'aller bien loin - choqué par l'aquarelle, j'avais réagi un peu tard et n'avais pas trouvé mieux pour la retenir que la choper par une couette... mais au moins, elle ne s'était pas sauvée. A peine s'était-elle immobilisée que je l'avais entourée de mes bras, la serrant fort contre moi - mais son cadeau... m'avait tellement ému... il semblait... si réaliste... Pendant une fraction de seconde, j'avais cru que c'était une photo. Mais ça ne pouvait bien sur être le cas... ma mère était morte depuis bien longtemps, et moi, j'étais bien loin de l'endroit où j'avais grandi... Elle avait fait ça pour moi, de tête - je ne lui avais montré une photo de ma mère qu'une seule fois... et avec ça, elle avait réussi à transcrire sur papier un de mes rêves les plus secret. Qu'elle soit en vie... qu'elle voit ce que j'étais devenu. Et peut-être aussi... qu'elle soit fière de moi...

J'en avais du même coup profité pour lui offrir mon cadeau : une barrette toute simple en forme de croissant de lune, avec un peu de ruban - j'avais trouvé l'idée sympa, et avec les cheveux qu'elle avait, elle ne devait jamais avoir trop d'accessoire pour les coiffer...


Je ne me rappelais rien de tout ça. La douleur était mon quotidien, la Mort mon unique aspiration. Par pitié, je vous en supplie... faites que ça s'arrête... faites que j'ai enfin la paix... tous ces rêves me torturent... car c'est bien tout ce qu'ils sont :


des rêves.
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